jeudi 8 juillet 2010

Je est un autre, ou les aventures de Zézette Épouzix

Tout va bien, la mère patrie, par le biais d'organes spécialisés à nous dédiés, s'intéresse à nous. Nous ? Oui nous, les français du dehors, les expat's comme on dit. Et donc, nous sommes invités à répondre à un sondage, une information que j'ai trouvée dans "le petit journal", organe de presse virtuel(le) spécialement conçu pour l'expatrié du dehors, catégorie de français dont il ne t'aura pas échappé, fidèle lectrice, non plus qu'à toi fidèle lecteur, je fais partie… (si si, quand on relit calmement en sautant les incises et propositions subordonnées, on peut comprendre la phrase).
Yess ! Ça y en a super ! D'ailleurs, j'invite avec enthousiasme tous ceux de mes lecteurs qui œuvrent à l'étranger (c'est à dire partout sauf en France) à répondre derechef, in petto, et cætera à la grande enquête !

C'est qu'on n'a pas tout les jours l'occasion de s'instruire en s'amusant, tout en n'apprenant que ce qu'on savait déjà, et qu'on n'aurait jamais su qu'on ne l'ignorait pas si on ne nous avait pas appris qu'on l'avait su auparavant. Donc, pas de surprise, au cours du questionnaire, nous en apprendrons plus sur la France et sa conception de la nationalité, de la normalité, de la citoyenneté, qu'elle n'en apprendra certainement sur nous.
Ça commence assez fort, sur les "raisons de l'expatriation", où l'on retrouve les lieux communs déjà évoqués précédemment et où sans surprise, il n'y a aucune case cochable mentionnant : pasque j'ai le droit de choisir où je veux vivre et que j'ai trouvé un coin qui me plaît, ou même, pasque j'en avais marre de la vie "à la française", de la salade pré-épluchée sous blister, des ronds-points et des digicodes, mais bon, une fois de temps en temps, il y a une case "autre" dans laquelle on peut se déverser…

Mais c'est plus loin qu'il y a les meilleurs gags. Au moment où (quand ?) on se rend compte que, tel Zézette Épouzix la célèbre gauloise, on ne rentre définitivement pas dans les cases, ou alors au prix de sérieuses contorsions, et que, en fait, on vient de perdre un bon moment à conforter des gens dans leurs erroneries* alors que justement, on était en train d'essayer de faire exactement l'inverse. Je vous met quelques saisies d'écrans, pasque les illustr's ça captive le lecteur, et aussi pour bien montrer dans quelle catégorie socio-professionnelle je m'agite, à mon corps défendant.

Donc, il a bien fallu que je me résolve à "m'intégrer" dans la catégorie "Cadre de la fonction publique, professions intellectuelle et artistique" ! Ce qui me va comme une moufle (à une goutte d'eau).

Et juste après, j'ai pu vérifier que décidément, la culture française était en mauvaise posture pisque… Ä n'existe pus, en tous les cas, comme secteur d'activité :

Enfin, il y a quand même quelques trucs rassurants, par exemple je suppose que je suis dans la même catégorie socio-pro que CharlÉlie, Johnny et Yannick.
Et aussi, j'ai appris qu'il existait une "Maison des Français de l'Étranger"**, organisme qui m'a l'air d'avoir une philosophie bien de chez nous, à défaut d'être adaptée à ce que nous vivons.
Y'a qu'à lire en haut à droite de leur page d'accueil :

Guides à télécharger

Tout un programme !

*erronerie : concept erroné encombrant l'esprit de celui qui en a l'esprit encombré. Remplace avantageusement de longues phrases employant "ornières", "œillères" etc.
**Avec une cap' à Français ET une cap' à Étranger (mais sans accent sur le site). On n'est jamais trop prudent avec les adjectifs. Le lecteur attentif aura noté l'abondance aléatoire et inopinée de la cap' sur la fin, la plus étonnamment instructive étant bien entendu celle appliquée, majusculement à Retour. C'est cool, on dirait une blague américaine, comme dans Pulp Fiction "…and you know what ? They call it Le Retoowr…"

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