vendredi 13 février 2015

François Boucq pour le Monde



Depuis quelques temps maintenant, et sans doute à ton instar, fidèle lecteur, je suis la chronique judiciaire de la bande dite "du Carlton de Lille". Je la suis dans le Monde qui a pour couvrir l'événement fait appel au talent de François Boucq. Et quel talent !
Jour après jour je suis absolument épaté par la justesse de son trait (la trombine de Dodo la saumure !), sa technique "Bédéesque" d'encrage, je m'interroge sur sa mise en couleur (c'est de l'aquarelle tu crois ? En tous les cas ça fait pas fuser le noir, et le noir, on dirait du feutre-pinceau, d'ailleurs le papier tout lisse là, on dirait du layout, ça doit être du feutre etc). Si d'aventure monsieur Boucq passait sur ce blog, j'adorerais qu'il éclaire ma lanterne sur ces points !
Mais, soudain-t-à coup, je me suis mis à être un peu gêné… comme beaucoup je pense, par la tournure que prenait le rapport qu'on nous fait du procès, qui, sous la plume de Pascale Robert-Diart, vire un peu à la leçon de morale et au voyeurisme sur le mode –OooOOOoorrrrh lololo, mais r'gardez moi un peu ç'travail. Ah ! Ben c'est du prop' ahlalala. Et j'ai commencé a trouver que la description, longue et fastidieuse, sans le dire, tout en le disant, des pratiques minute par minute de tous ces gens, assis, debout, couchés, pendant combien de temps, par quel orifice, à quelle heure etc devenait un peu… gênante. Et me transformait un peu en voyeur…
Et puis, il y a eu ce post là, toujours magnifiquement illustré, qui vraiment m'a troublé : 
avec cette illustr' : 

Pour le dessinateur, ce personnage typiquement Boucquien est purement jubilatoire ! Mais voilà d'où vient mon trouble. Tu te souviendra, fidèle lectrice, que j'ai illustré, pendant un bon moment, la chronique des faits divers dans le défunt magazine Actuel. Ce job m'avait parfois plongé dans des affres, des affres… affreuses. Parce que cela racontait des histoires horribles, et aussi, et surtout parce que, en les illustrant, je prenais grand soin de ne dénoncer personne à la vindicte populaire. Je ne suis ni la police, ni la justice, ni leur auxiliaire.
Or le dessin ci-dessus, représente un témoin. Un témoin dont les activités professionnelles, le lieu de résidence, et les activités sexuelles sont exposés dans le texte qui jouxte l'image. Un témoin qui n'est accusé de rien. Un témoin, que tous ses voisins reconnaîtront facilement, vu l'excellent et sans doute fidèle portrait que François Boucq en fait. Un témoin, pas un accusé, et encore moins un coupable.
Et sur ce point, monsieur Boucq, si vous avez lu jusqu'ici, j'aimerai bien que vous nous fassiez part de votre sentiment. 
Dans le système judiciaire français, il est de tradition d'accueillir aux audiences quelques dessinateurs, croqueurs. Les photographes et les vidéastes en sont exclus, une tradition que d'aucun jugeront désuète, mais que je trouve moi, très "sympa". Toutefois, je m'interroge, en mon for extérieur (ici même) sur le rôle et le stayut de ces images. Que le Monde confie à François Boucq le soin de réaliser les croquis d'audience n'est pas anodin (j'allais dire "innocent"). Le talent de ce dessinateur en fait de véritables illustrations, au contraire d'autres publications, où elles ne sont que des notes, latérales.
Mais paradoxalement, je constate que ces crobards sont publiés, tels quels, sans retouches, sans recadrages et même que les scans sont parfois à la limite du médiocre. Si le fait de voir, quasiment en direct, avant même un coup de gomme le travail de François Boucq m'enthousiasme, si ses notes, sur les paroles des protagonistes me renseignent sur l'ambiance autant que sur sa méthode de travail, au plus prés de la réalité des gens, je me demande si il a le contrôle complet de ce qui est publié.  Ou alors c'est fait exprès, ça rajoute du "direct live" à l'affaire. J'aimerai vraiment bien en discuter avec vous, monsieur Boucq…


De plus, étant donné la récente actualité du dessin de presse, et les débats engendrés sur la responsabilité (et pourquoi pas l'éthique) des dessinateurs, je suis travaillé par des sentiments contradictoires…
La publication de ces dessins, sans signature, sans filigrane, sans copyright, et en grand format… c'est voulu ? C'est une erreur ? Une perte de contrôle ?
La représentation des prostituées, Jade et Mounia, me perturbe un peu aussi… alors même qu'elles témoignent sous un nom d'emprunt, et qu'elles ont clairement manifesté leur désaccords lors de la description, par le menu, de pratiques qui resteront dans les annales (oui, je sais, moyen… on fait ce qu'on peut). 
François Boucq pour Le Monde
Si par hasard vous vouliez bien m'éclairer sur votre sentiment, à propos de ce boulot, monsieur Boucq, dans les commentaires, par exemple, je vous en serai reconnaissant. Et si, bien entendu, d'autres dessinateurs, fréquentant les prétoires ou non, ont un avis, qu'ils n'hésitent pas ! Toutefois, je veillerai a ce que cet échange reste dans un cadre "pro" et que cela ne vire ni au réquisitoire, ni au procès.
Et toi aussi, fidèle lectrice, je t'attends dans les comms'. Pour l'instant je te laisse découvrir les superbes croquis de M'sieur François.
François Boucq pour Le Monde
François Boucq pour Le Monde
François Boucq pour Le Monde
François Boucq pour Le Monde
François Boucq pour Le Monde



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